
Mettre en place un projet DDMRP (planification en flux tiré) tout comme un ordonnancement en flux tiré (DBR) constitue un changement fondamental pour les équipes. Ces méthodes bousculent les habitudes, modifient les processus de planification du quotidien, mais aussi la façon de penser et d’agir au sein des entreprises. Pour réussir, il est donc indispensable d’anticiper l’impact humain de cette transformation.
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Les changements liés à un projet DDMRP
Le DDMRP (Demand Driven Material Requirements Planning) repose sur une approche plus réactive, avec une logique de planification basée sur la demande réelle, et non plus sur des prévisions. Évitant ainsi d’être confronté aux limites du schéma classique du MRP. Par conséquent, choisir de mettre en oeuvre le DDMRP dans une usine ou un entrepôt de distribution implique plusieurs transformations :
Un changement de méthode de travail
- Le dimensionnement des buffers de stock évolue : il y a 3 zones de couleurs (rouge, jaune, verte) qui s’ajustent automatiquement ou manuellement
- Le signal de demande n’est plus le même, il se base sur la demande réelle (vs les prévisions auparavant)
- Les réapprovisionnements sont déclenchés sur un nouveau principe : la position de flux, un indicateur central dans la logique DDMRP.
Bref, il y a moins d’urgence à gérer, moins d’actions en mode pompier, mais plus d’anticipation et d’ajustements de paramétrages. Autant de nouveautés qui peuvent déstabiliser les utilisateurs concernés.
Pour aller plus loin, consultez notre article : MRP vs DDMRP : quelles sont les différences ?
Un changement d’outil
Même si nous avons coutume de dire que le DDMRP ce n’est pas qu’un projet IT, il n’empêche que cette méthodologie doit être soutenue par un outil de planification. Les futurs utilisateurs doivent donc être prêts à sortir leur ERP préféré pour basculer sur l’outil qui aura été choisi. Plus cet outil sera visuel, ergonomique et répondra à leurs besoins, plus il sera accepté facilement. Quelque chose me dit que notre cher ami Excel ne répond pas vraiment à ces critères là…
À lire également : les meilleurs outils DDMRP du marché en 2025
Un changement de gouvernance (rituels et indicateurs)
Il n’y a rien de pire que de mettre en place du flux tiré tout en conservant les rituels et les indicateurs de pilotage historiques, c’est-à-dire ceux utilisés en MRP. Oubliez les indicateurs orientés coûts. Dites bonjour à ceux orientés flux. L’idée n’est pas pour autant de cumuler les rituels mais bien d’ajuster les rituels existants.
Pour plus de détails, retrouvez notre webinar : les coulisses du DDMRP
Réussir son changement en travaillant sur les 3H
Chez Alkemys, nous avons l’habitude d’utiliser l’image des 3H, pour Head, Heart et Hand pour adresser l’ensemble des facettes de la conduite du changement. Si l’une des dimensions est négligée, le projet a moins de chances d’être un succès.

Head : la tête, la dimension cognitive
Il s’agit d’expliquer clairement le pourquoi et le comment du DDMRP aux équipes, en leur fournissant les connaissances nécessaires pour comprendre le système et ses avantages.
Heart : le cœur, la dimension émotionnelle
Il est essentiel de susciter l’engagement et de mobiliser les équipes autour de la vision du changement. La conduite du changement doit prendre en compte les craintes, les résistances et les motivations des collaborateurs, afin de les aider à voir le DDMRP non pas comme une contrainte, mais comme une opportunité de développement et d’amélioration.
Hand : la main, l’aspect comportemental
Il s’agit de fournir les outils et les processus nécessaires pour que les équipes puissent concrètement mettre en œuvre le DDMRP dans leurs pratiques quotidiennes. Cela inclut l’accompagnement pratique, les ajustements des outils et l’apprentissage sur le terrain pour assurer une transition fluide et efficace.
Le navigateur qui veut franchir la ligne d’arrivée (avec un objectif de victoire, de podium ou Top 10), il doit bien comprendre son objectif et savoir comment y arriver (Head), avoir l’envie et la motivation (Heart), et posséder un bateau qui lui permette d’y arriver (Hand).
Les outils de la conduite du changement
Par exemple, pour qu’un navigateur arrive jusqu’à la ligne d’arrivée de sa course, le chemin est long (ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il y a une édition tous les 4 ans uniquement). En amont du départ, le skipper se prépare avec notamment des sorties en mer pour tester et savoir utiliser tous les équipements, une réflexion pour définir une trajectoire…
Mais une fois en course, il y a encore des éléments à gérer : l’entretien du bateau (et réparations s’il y a eu des dégâts), les ajustements de stratégie en fonction des conditions météorologiques, communication avec ses équipes et proches sur terre… Autant d’outils pour lui permettre de garder un équilibre sur ses 3H.
Dans le cadre d’un projet DDMRP, pour travailler sur ces 3 grandes dimensions de la Tête, du Cœur et de la Main et embarquer les équipes, il existe également plusieurs outils, utilisables à différentes phases du projet.
On peut par exemple citer :
- Les simulations : il est possible, en récupérant quelques données quantitatives, de simuler à quoi pourraient ressembler des stocks s’ils étaient gérés en DDMRP (cliquez-ici si vous souhaitez faire une simulation).
- La formation : il peut s’agir des formations théoriques à la méthodologie, comme celles créées par le DDI. Mais également de formation à l’outil retenu, de formation sous forme de serious game (qui peut donc s’adresser à un public plus large)
- La communication interne : durant toutes les phases du projet, et encore plus si vous envisagez un déploiement plus large dans le futur, il est utile de communiquer sur l’avancée globale, sur les gains obtenus ou encore les difficultés rencontrées. L’objectif est de susciter l’intérêt de tous et d’obtenir leur adhésion.
- L’accompagnement opérationnel : prendre le temps de s’asseoir aux côtés des utilisateurs au démarrage de la méthodologie permet de s’assurer qu’ils ont compris les concepts, de réexpliquer si besoin, et d’identifier des problématiques non traitées durant la conception (ex : des processus oubliés ou des données mal remontées). Ça s’apparente à du coaching.
ll existe bien entendu d’autres solutions : benchmarks, retours d’expériences de pairs, webinars, conférences utilisateurs des éditeurs, fresque des flux, co-construction du modèle avec les équipes…
Pour conclure, ne pas négliger sa conduite du changement ! Il faut la prendre en compte dès le début de votre démarche, au risque de devoir rattraper un projet mal démarré (et là ça coûte cher, en temps, en euros et en énergie).
Le conseil en management en Supply Chain c’est notre coeur de métier depuis 10 ans chez Alkemys. La conduite du changement ça nous connaît. Alors assurez la réussite de votre projet de transformation en faisant appel à des professionnels.
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